Jouer pour apprendre : la gamification en entreprise

Points, badges, défis et serious games : la ludification au service de la motivation et de l’engagement des apprenants.

Après l’IA ultra-technologique, place à une tendance plus ludique mais tout aussi efficace : la gamification de la formation. Également appelée ludification, cette approche consiste à intégrer des mécaniques de jeu dans les parcours d’apprentissage. L’enjeu est de taille : comment (re)donner envie aux collaborateurs de se former, à l’heure où l’attention est un capital rare ? D’après une enquête de TalentLMS, 87% des employés affirment que la gamification les rend plus productifs et 84% plus engagés dans leur formation. Les études sont unanimes : en 2025, pour captiver vos apprenants, faites-les jouer !

Pourquoi le jeu motive-t-il autant ?

Les jeux captivent parce qu’ils sollicitent nos instincts naturels de défi, de progression et de récompense. En transposant ces ingrédients dans la formation, on obtient des apprenants plus motivés et actifs. Concrètement, la gamification peut prendre plusieurs formes : système de points et de badges à gagner au fil des modules, classement des meilleurs scores pour stimuler une compétition amicale, ou encore défis et quêtes à relever pour débloquer du contenu. Ces mécanismes procurent un sentiment d’accomplissement à chaque étape. Plutôt que de subir un long cours magistral, l’apprenant devient acteur de son parcours, cherchant à atteindre le niveau suivant comme il le ferait dans un jeu vidéo. La motivation intrinsèque (plaisir d’apprendre) s’en trouve renforcée par une motivation extrinsèque (envie de gagner, de se mesurer aux autres ou à soi-même). Et qui dit motivation accrue dit aussi rétention d’information améliorée : des études montrent qu’un contenu appris de façon ludique a bien plus de chances d’être retenu et appliqué sur le terrain (jusqu’à 90% de rétention, contre ~10% dans une formation traditionnelle, selon une étude McKinsey).

Des exemples concrets de gamification

Au salon, de nombreux éditeurs ont présenté des solutions ludiques déjà déployées en entreprise. Par exemple, une grande banque a témoigné de sa plateforme de formation interne transformée en parcours d’aventure : chaque employé y incarne un personnage qui progresse sur une carte au gré des formations suivies. Les modules deviennent des “missions” à accomplir, avec des scénarios inspirés du quotidien professionnel (challenge client à résoudre, projet à mener, etc.). À la clé, des points de compétence sont gagnés et convertibles en badges valorisant les expertises acquises. Autre cas évoqué, celui d’un call center ayant introduit un challenge quotidien : répondre à un quiz rapide chaque matin, avec un classement affiché chaque semaine et des récompenses symboliques pour les meilleurs. Résultat : un engouement des collaborateurs, qui se connectent chaque jour pour ne pas rater le quiz et améliorer leur score – là où auparavant ils rechignaient à consulter les longues fiches produit. La gamification peut également prendre la forme de serious games plus élaborés : de véritables jeux vidéo éducatifs, par exemple une simulation de gestion de projet où l’apprenant doit prendre des décisions et en voit les conséquences, permettant ainsi d’apprendre de ses erreurs dans un environnement sans risque.

Les bénéfices pour l’entreprise

Outre le plaisir apporté aux apprenants, ludifier la formation sert aussi les objectifs de l’entreprise. Une formation gamifiée bien conçue augmente significativement le taux de participation : moins d’invitations ignorées, moins de modules abandonnés en cours de route. Avec un public plus captif, l’investissement formation a plus de chances de porter ses fruits. Par ailleurs, le jeu favorise la mise en pratique. En reproduisant des situations proches du réel sous forme de challenge, on incite l’employé à réfléchir et à prendre des décisions, ce qui renforce sa capacité à appliquer ses connaissances ensuite dans son travail. La gamification encourage aussi le feedback continu : un quiz ou un jeu donne une correction immédiate, des explications en cas d’erreur, ce qui permet à l’apprenant de s’auto-corriger sans attendre la fin d’un long stage. Pour le responsable formation, les données récoltées (scores, taux de réussite par question, cheminements choisis dans un scénario) constituent une mine d’or pour évaluer les points forts et faibles des collaborateurs, et ajuster les programmes si, par exemple, un quiz révèle que 60% des employés ignorent une règle de sécurité particulière. Au fond, gamifier, c’est mesurer en continu de façon ludique.

Mettre en place la gamification pas à pas

Si la gamification vous tente, inutile de transformer du jour au lendemain tous vos cours en jeu sophistiqué. Il est recommandé d’avancer graduellement. Commencez par intégrer quelques éléments ludiques simples dans vos formations existantes. Par exemple, ajoutez un système de badges à collectionner pour valoriser l’achèvement des modules clés (un badge “Expert Sécurité” décerné après un quiz 100% correct, etc.). Vous pouvez aussi organiser un défi par équipe sur une période donnée : “30 jours pour maîtriser les fondamentaux du logiciel CRM” où chacun gagne des points en suivant des tutoriels et en réalisant des cas pratiques, le tout suivi d’un classement amical. Observez comment vos équipes réagissent, recueillez leurs feedbacks. En parallèle, formez vos concepteurs pédagogiques aux principes de la gamification (de nombreux blogs, conférences – comme celles du salon – et ouvrages existent sur le sujet) afin qu’ils imaginent des mécanismes ludiques cohérents avec vos objectifs d’apprentissage, et non de simples gadgets.

Précautions et bonnes pratiques

Gamifier ne veut pas dire infantiliser. Il faut trouver le bon équilibre pour que le jeu serve la pédagogie sans la détourner. Certains collaborateurs, surtout parmi les managers ou experts chevronnés, pourraient mal accueillir des activités trop enfantines ou trop axées compétition. Veillez donc à adapter le ton du jeu à votre culture d’entreprise. La compétition, par exemple, peut être stimulante, mais doit rester bienveillante : pourquoi ne pas privilégier des défis collectifs où l’on doit coopérer pour réussir, plutôt qu’une rivalité individuelle trop frontale ? La récompense doit aussi être symbolique et alignée sur l’esprit du programme : un badge de reconnaissance, un certificat honorifique, voire des points échangeables contre des privilèges liés au développement (ex : accès prioritaire à une formation de son choix, invitation à un événement pro…). Évitez enfin de gamifier pour gamifier : chaque élément ludique introduit doit avoir un but pédagogique clair. Posez-vous la question : cette mécanique de jeu aide-t-elle l’apprenant à mieux comprendre, retenir ou appliquer ? Si oui, foncez. Sinon, simplifiez.

En somme, la gamification est un formidable levier d’engagement pour dépoussiérer vos dispositifs de formation. En rendant l’apprentissage plus fun, interactif et stimulant, vous créerez une dynamique positive où vos collaborateurs auront plaisir à se former régulièrement. Un atout précieux à l’heure où l’agilité et l’adaptabilité sont reines. Prêt à jouer la carte du jeu sérieux dans votre entreprise ? À vous de lancer la partie !

FAQ

1. Qu’est-ce que la gamification en formation ? C’est l’intégration de mécaniques de jeu (points, badges, challenges, classements) dans des parcours de formation pour renforcer l’engagement.

2. Quels sont les bénéfices de la gamification pour les apprenants ? Elle stimule la motivation, l’implication et la rétention des connaissances, tout en rendant l’apprentissage plus ludique et concret.

3. Quels sont les bénéfices de la gamification pour l’entreprise ? Elle renforce l’engagement, améliore la mémorisation, augmente les taux de complétion et permet de mieux piloter les actions formation via des données exploitables.

4. Quelle différence entre gamification et serious game ? La gamification ajoute des éléments ludiques à un contenu existant. Le serious game est un jeu conçu à part entière pour former à un sujet donné.

5. La gamification est-elle adaptée à tous les publics ? Oui, si elle est bien dosée et alignée avec la culture de l’entreprise. L’important est d’éviter l’infantilisation et de maintenir le sens pédagogique.